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Vacciner les animaux est un enjeu de santé publique, pour l’OMSA

Emmanuelle Soubeyran (au centre), la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé animale, insiste sur l'importance de la vaccination préventive, comme l'a fait la France contre l'influenza aviaire.

Pour l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), la vaccination reste un levier essentiel de prévention, au cœur des stratégies de lutte contre les zoonoses et les pandémies.

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« Quasiment toutes les maladies [animales] notifiées entre 2005 et 2023 sont considérées comme ayant un potentiel zoonotique », alerte la présidente du conseil de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), Susana Guedes Pombo, lors d’une conférence de presse le 23 mai 2025 à Paris. Autrement dit, la majorité des pathologies recensées dans les élevages peuvent, tôt ou tard, franchir la barrière des espèces et toucher l’Homme.

Derrière les enjeux économiques ou alimentaires, se dessine un risque sanitaire mondial. « Renforcer la surveillance, la détection et la lutte contre les maladies, en particulier celles qui ont des risques zoonotiques, c’est essentiel pour éviter de nouvelles pandémies », insiste la vétérinaire portugaise.

Miser sur les mesures préventives

Pour la directrice générale de l’OMSA, Emmanuelle Soubeyran, « il est extrêmement important d’investir dans la santé animale. ». Ces investissements doivent notamment permettre de développer les mesures préventives, à commencer par la vaccination. Cette dernière est au cœur du premier rapport de l’OMSA sur la santé animale mondiale, paru le 23 mai 2025.

« Un de nos instruments les plus importants pour éviter les maladies reste le vaccin », insiste Susana Guedes Pombo. L’OMSA met en avant l’exemple français : à l’automne 2024, la France a lancé une campagne de vaccination des canards contre l’influenza aviaire (IAHP). Résultat : 10 foyers recensés, contre 700 estimés en l’absence de vaccination, selon les données présentées par Emmanuelle Soubeyran.

« La vaccination a coûté dix fois moins cher que le coût des pertes et des indemnisations d’une épidémie, assure la directrice générale de l’OMSA. Mais le vaccin n’est pas le seul outil et ce n’est pas une baguette magique. »

Exiger la transparence des pays

Pour être efficace, une stratégie vaccinale repose aussi sur des données fiables et partagées. L’OMSA appelle donc à davantage de transparence de la part des États membres. « Pour avoir un bon contrôle des maladies, il faut savoir où elles ont lieu et dans quelles mesures, explique le chef du département scientifique de l’OMSA, Gregorio Torres. L’accès aux données dans chaque pays et la transparence sont les deux éléments clés d’une bonne stratégie sanitaire. »

Chaque pays reste responsable de son choix, ou non, de vacciner et de rendre ses données publiques. Pour Susana Guedes Pombo, il est essentiel d’établir un lien de confiance entre les pays : « Nous ne pouvons pas empêcher les déplacements d’humains ou d’animaux, mais il faut gérer les risques. Il est important que les États membres de l’organisation aient confiance dans les procédures mises en place par les États membres touchés. »

Une menace pour la sécurité alimentaire

Au-delà des enjeux sanitaires, l’OMSA alerte aussi sur les conséquences économiques et alimentaires d’une mauvaise gestion des maladies animales. En ligne de mire : la résistance aux antimicrobiens. Lorsque des antibiotiques ou antiparasitaires deviennent inefficaces, c’est l’ensemble de la chaîne de production qui est fragilisée.

« Si rien ne change d’ici à 2050, nous aurons des pertes équivalentes à la consommation de 2 milliards de personnes par an, estime le chef du département de la résistance antimicrobienne, Javier Yugueros-Marcos. Nous devons être conscients que cela impacte la production animale et donc menace la sécurité alimentaire. » L’un des leviers pour limiter cette menace ? Remplacer les traitements curatifs par des stratégies vaccinales préventives, lorsque c’est possible.

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